Oser être vu·e : devenir acteur de sa visibilité, même dans la vulnérabilité

Dans cet article, nous explorons comment se rendre visible révèle notre rapport à nous-mêmes et aux autres. Oser se montrer tel·le que l’on est, habiter notre vulnérabilité sans se trahir, ressentir la puissance d’une présence assumée… Autant de chemins qui invitent à ralentir, à s’accueillir et à exister avec authenticité.

Être accueilli commence par oser se montrer : la responsabilité de la rencontre commence avec notre visibilité.

Depuis des années, j’accompagne des personnes traversant la maladie, le handicap, la douleur physique ou existentielle. Et j’entends si souvent :

« J’aimerais que les autres voient ma souffrance, qu’ils la reconnaissent… mais je ne la montre pas. Je ne montre pas le chemin vers cet espace si douloureux en moi, qui est parfois synonyme de honte, de rejet de moi-même, d’impuissance, de perte d’identité de celui ou celle que je présentais au monde. »

Cette difficulté à se voir soi-même malade ou vulnérable, et à oser se montrer tel·le que l’on est, est immense. Car cela signifie se confronter à la peur du regard de l’autre, à la peur de ne plus être reconnu·e ou aimé·e comme avant.

Pourtant, lorsque nous attendons uniquement de l’autre qu’il vienne vers nous, qu’il devine notre douleur, nous risquons de nous enfermer dans la frustration, le sentiment d’injustice et l’isolement et de tenir l'autre responsable de notre invisibilité. 

J'accompagne les personnes à devenir acteurs de leur visibilité, à oser se montrer et exprimer leur vécu — non pas dans la plainte, mais dans un espace de dignité — afin d’offrir à l’autre un chemin pour les rejoindre.

Entre le souhait d’être vu·e sans se justifier, et la peur de se dévoiler, il existe un lieu précieux : la dignité. Depuis cet endroit, nous pouvons choisir de nous montrer, pas pour expliquer ou convaincre, mais pour exister pleinement, même dans la fragilité.

« Car quand nous osons dire “Voilà où j’en suis” avec nos propres mots, nous cessons de subir et devenons acteurs de notre visibilité. »

Ainsi, la maladie, le handicap ou la singularité ne deviennent plus seulement des épreuves, mais des expériences de connexion et de sens, porteuses d’humanité partagée, de résilience et de joie.

Maladie, vulnérabilité et regard des autres

En accompagnement individuel et en groupes, je propose un espace pour exister dans ce monde, dans le couple, la famille, au travail en cherchant avec la personne des chemins de visibilité dans la dignité et l’expression de son expérience de vie. Cette expérience peut devenir un modèle, une richesse pour les autres. J’y mobilise une approche singulière, issue de la gestalt-thérapie et de la thérapie existentielle, qui allie le senti, la voix, l’expression, et le rapport au corps, pour permettre à chacun·e d’habiter son vécu avec authenticité.

Dans le domaine professionnel, j’interviens auprès des structures et des responsables pour co-créer une manière de transformer l’expérience du collaborateur atteint par la maladie ou le handicap en un tremplin vers la cohésion, l’inclusion et la solidarité. Il ne s’agit pas seulement de tolérer ou d’accepter, mais de bénéficier de cette expérience humaine pour enrichir collectivement l’équipe, en proposant des rencontres, des ateliers, des rituels dans un ajustement des regards, des gestes et des paroles qui relient la différence plutôt que de l’isoler.

 Pour approfondir la réflexion sur la maladie, la vulnérabilité et le regard des autres, je vous invite à consulter mon article « Maladie, vulnérabilité et regard des autres : un chemin à double sens », qui explore les défis identitaires et relationnels liés à ces expériences.Ces deux articles se complètent pour offrir un regard global et des pistes concrètes d’accompagnement.